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Le syndrome de la mèche courte

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Le syndrome de la mèche courte Empty Le syndrome de la mèche courte

Message par Admin Jeu 2 Mai - 10:57

Voilà une expression typiquement québécoise qui image très bien un phénomène sociétal de plus en plus visible et ressenti, à l'école, dans les commerces, dans les relations sociales, sans épargner le cadre du travail. La mèche est la partie visible d’une bougie ou, dans notre contexte, du bâton de dynamite. L’explosion n’est jamais loin lorsque la mèche courte est allumée.
Même si l’expression peut faire sourire, le phénomène qu’elle cache est, lui, plutôt dramatique. Avoir la mèche courte signifie être dans le réactif toxique face à un interlocuteur qui pourrait, pour une raison qui lui est propre, exprimer un point de vue ou un argument avec lequel nous ne sommes pas d’accord.
Par le simple fait de ne pas avoir envie d’entendre, ou en raison de notre intolérance à la différence de points de vue, il y a ce sentiment impulsif qui émerge soudain au point de se sentir attaqué. Nous adoptons alors une position défensive virulente, qui se transforme en une agression à l’intégrité de l’autre.
Nous entamons une quête de pouvoir par le jugement, en cherchant à écraser l’autre, le diminuer pour gagner un argumentaire et avoir le dernier mot. Nous entrons alors dans le cycle de la vengeance contre celui qui pourtant, n’a fait qu’exposer son point de vue. Nous savons de moins en moins ne pas être d’accord et l’exprimer simplement, sans violence, sans agression.
Ce n’est pas un simple phénomène localisé ou passager. Cette intolérance repose sur plusieurs origines : notre incohérence opportuniste, notre tolérance à la souffrance qui fait de plus en plus défaut, l’usage des technologies et notre manque flagrant d’estime de soi, responsable de notre superficialité et de nos exigences sans limites. Qu’avons-nous donc à offrir comme exemplarité ?

L’incohérence opportuniste

Elle se définit comme l’égocentrisme social ou l’hypocrisie collective portée par des leaders, des groupes, religieux ou non, des syndicats, des politiques de tout bord qui n’ont que pour conscience ce qui leur rapporte ou leur permet de contrer l’invisibilité avec le droit à l’arrogance.
L’usage de grands mots percutants pour se donner de l’importance, les discours vides, l'hypocrisie qui dissimule des stratagèmes peu dignes. Nous idolâtrons les influenceurs sans substance qui séduisent notre quête d’utopisme pour échapper à la réalité peu reluisante qui nous rattrape un peu plus chaque jour. Ils arrivent même à nous persuader qu’il suffit de retourner le miroir pour effacer ce que nous n’aimons pas de nous-mêmes et en finalité, leur faire confiance tout simplement. Cette manipulation donne envie à ceux qui ne sont pas sur ces postures de pouvoir, de l’obtenir à leur tour pour faire pareil.

Une tolérance à la souffrance réduite

Qu’il s’agisse des expressions insensées de « bonheur au travail » qui nous plantent dans l’esprit un imaginaire là aussi opportuniste, d’instaurer des secouristes santé mentale, la belle affaire, ou encore de recourir à des psychologues incités à étouffer la souffrance visible, plus on dissimule cette souffrance, moins on la tolère. Et plus cela exige de nous contraindre pour répondre à des standards de « raisonnabilité » qui n’en sont jamais, mais qui au contraire, nous rendent malades.

L’usage des technologies

Notre relation intense au téléphone et à l’usage de différentes technologies nous éloigne de notre capacité à lire les émotions et ressentir une compassion pour l’autre. Deborah Cohen, Docteur en sciences de la médecine et s’appuyant sur des recherches scientifiques établies a écrit dans un rapport publié en 2021 : « La reconnaissance des messages véhiculés par les visages, en particulier les expressions émotionnelles, est un élément crucial pour l’insertion dans toutes les sociétés ». Le temps passé sur son téléphone est une perte nette pour notre socialisation et la lecture émotionnelle, ce qui impacte négativement notre regard sur l’autre et ses différences.

Le manque d’estime de soi

Voilà l’argument qui soulèvera sans doute le plus de réactions. Pourtant, les masques pour dissimuler ce manque foisonnent : dépendance affective ou à diverses substances, prétention, déni, recherche de contrôle et de pouvoir… Pour simplifier l’équation, il s’agit simplement de mesurer notre niveau d’humilité et de bienveillance inconditionnelle pour avoir une idée assez juste de là où on se trouve. Une fois bien assis sur ce constat qui n’aura rien d’exaltant, je vous l’assure, nous pourrons cesser d’accuser la mauvaise foi des autres pour regarder la sienne en tout premier lieu et stopper le syndrome de la mèche courte.
Pour ceux qui douteraient encore, un magnifique reportage scientifique réalisé par Arte : « L’humain, cette espèce insignifiante » démontre avec éloquence toutes les facettes de nos prétentions si destructrices.
Au travail, nous avons fait aussi usage d’incohérence opportuniste en omettant volontairement d’intégrer un principe fondamental concernant l’humain : nous ne pouvons pas le mettre au centre des préoccupations si nous sommes incapables de nous voir tels que nous sommes et d’accepter nos vulnérabilités, notre besoin d’humilité, de reconnaissance et surtout la conscience de nos travers et nos limites. Appliquer ces principes de base rallongerait notre mèche et favoriserait la confiance des uns envers les autres.

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